Le monde dine à Paris et il le fait depuis longtemps. Paris est un creuset où se marient et se mélangent les cultures du monde et des régions
françaises.
Paris écoute et apprend mais Paris ne garde que ce qu'elle aime. D'ailleurs, doit-on dire "il" ou "elle". Qui est Paris? Et qu'est-ce qu'être parisien.
Penser Paris et sa cuisine, c'est penser le temps, l'évolution, les Hommes et leur histoire.
Faîtes l'expérience dans votre entourage et comptez vos proches parisiens depuis plus de 3 générations. Vous en trouverez peu.
C'est pour ça que le vrai parisien n'oublie jamais vraiment d'où il vient. Il s'accroche à son passé et à ses gares, se crée des ancres pour entretenir ses souvenirs
et ne pas s'oublier complétement. Ce que le voisin est, le parisien se l'approprie aussi un peu.
Le goût du parisien est donc mémoire et composition d'héritage. Et comme le parisien aime manger, tout ça se joue à table.
Ainsi, le matin devant son café, le parisien sera italien, le midi accoudé au zinc d'un troqué il sera germain. A table pour déjeuner il sera normand et romain à la fois. Et quand l'heure
de la petite bière de l'avant soirée approchera son âme prusse rejaillira.
Le parisien a-t-il conscience de ce lègue. Probablement pas ou très peu mais qu'importe. Inconsciemment chaque parisien contribue à cette
tradition d'un Paris où s'expriment et s'impriment les cultures des gens qui y séjournent.
Cela fait-il de lui un être plus tolérant et plus altruiste, difficile à dire de prime abord. Les flux migratoires étant constants et les imbéciles légions
dans une ville comme Paris, les expressions de rejet de ce qui différent semblent eux aussi plus nombreux. Mais à y regarder de plus prêt, le rejet
des italiens et des allemands du début du siècle, des polonais de l'après guerre et des populations issues des colonies à partir des années 70,
semble aujourd'hui dépassé et avec elle le rejet de leur nourriture.
D'ailleurs, et si on regarde son assiette, le parisien n'est-il pas déjà et ce depuis quelques années un peu maghrébin (tagines, couscous) et
espagnol (tapas)?
Alors Paris, par nature, n'est peut-être pas plus tolérante qu'une autre mais par curiosité et parce qu'elle sait qu'elle est elle-même
le fruit de cet ailleurs, elle a appris à accepter et c'est déjà beaucoup.