La fraise est cultivée dans le Lot-et-Garonne depuis au moins le XVème siècle. En effet, des “ carreaux de fraisiers ” sont implantés dans la commanderie de
Temple de Breuil en Agenais (Temple/Lot), sous Louis XI et Charles VIII comme en atteste « Le livre de raison » de Bernard Gros, le commandeur.
Lorsque le 28 mai 1622, Louis XIII passe à Marmande il “ déjeune au jardin de Delage ”. Le journal de son médecin, Jean HEROARD, précise qu’on lui sert un
souper à base de fraises. Le soir, à l’hostellerie des “ Trois Mores ”, son repas débute par des fraises au vin et au sucre puis finit par divers desserts
dont une tourte à la crème et aux fraises.
La fraise est donc bien enracinée dans les jardins mais destinée à une consommation locale car les statistiques agricoles ne la prennent pas en compte.
Il faudra attendre la deuxième moitié du XIXème siècle pour retrouver sa trace. En 1865, M. Clément LAUZE, pépiniériste à Agen, peut écrire dans
“ Le Cultivateur Agenais ” : « L’accroissement considérable que prend chaque jour la consommation de fraises nous fait croire que les lecteurs seront bien
avisés d’avoir quelques renseignements sur la culture du fraisier qui a été jusqu’ici un peu négligée. Dans les cultures qui sont aux environs d’Agen on
trouve deux variétés de fraises assez estimées : celle qui est cultivée le plus en grand est la fraise des bois perfectionnée dite fraise commune, on ne
trouve que dans quelques rares exploitations la fraises des quatre saisons (Article « L’histoire de la fraise dans le Lot-et-Garonne » par A.Silvestro).
La fraise est donc déjà bien installée et elle va continuer à se développer. Pour répondre à l’intérêt des producteurs, plusieurs articles sur les techniques
de cultures paraissent dans les journaux agricoles locaux. Cependant, d’après des articles de 1900, le développement tourne court. L’inadaptation de l’offre
(les variétés produites ne sont pas celles que recherchaient le consommateur de l’époque) ainsi qu’un manque de main d’œuvre à l’époque, font partie des
facteurs de cette régression.
En agenais, la fraise s’est endormie pendant plusieurs années. Après la seconde guerre mondiale, la production reste longtemps discrète. D’après les
statistiques agricoles de l’époque, elle est inférieure à 50 tonnes jusqu’en 1955 et dépasse 100 tonnes en 1960.
L’année 1969 marque un changement de rythme. La production est brusquement multipliée par 3. La fraise s’insère bien dans les zones du Lot-et-Garonne
d’ordinaire consacrée depuis longtemps au maraîchage et à l’arboriculture. Les tonnages augmentent d’année en année et en 1983, le Lot-et-Garonne parvient à
devancer la Dordogne et devient ainsi le premier département français producteur de fraise.
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